RAPPORT D’ÉTUDE DE CAS SUR
L'EXPERIENCE DU BURKINA FASO DANS
L’UTILISATION DES TIC DANS L’EDUCATION
(Par Oumarou SAWADOGO, Inspecteur de l’enseignement secondaire. Ouagadougou, Juin 2001.)
(Exposé présenté à l'occasion de l'atelier sous-régional organisé par l'UNESCO sur les applications des TIC dans l'Education en Afrique francophone : créer des réseaux d'apprentissage pour les éducateurs africains, Campus numérique francophone de Dakar (Sénégal), du 11 au 15 juin 2001).
1. Le projet d’introduction de l’informatique dans l’enseignement secondaire
2. Le projet World Links for Development (WorlD)
3. Le projet de réseau AFSEDNET
4.1. Etablissements équipés, projets
4.2. Le potentiel humain et technologique
4.4. Les projets en cours dans l’enseignement secondaire au Burkina Faso
Les plus hautes autorités du Burkina Faso ont très tôt perçu que l’informatique, et plus généralement les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) constituent un phénomène culturel majeur qu’aucun peuple ne peut ni ignorer ni négliger. Leur méconnaissance serait un handicap pour le progrès et le développement.
Une préparation sérieuse de l’environnement au mode de raisonnement, aux concepts, à la technique, à la pédagogie et à la didactique qu’exige l’utilisation de l’informatique et plus généralement des NTIC, s’impose.
Les NTIC apparaissent notamment comme le vecteur privilégié de communication entre les différents niveaux du système éducatif (central, régional, local) et de développement de partenariats (au niveau national, régional ou international) dans le cadre des actions de coopération décentralisée.
L’introduction de l’informatique dans l’enseignement et plus généralement des NTIC dans le système éducatif du Burkina Faso a été très tôt une préoccupation du gouvernement burkinabè qui a recherché depuis 1985 les voies et moyens de cette intégration, développé des initiatives dans ce sens, soutenu en cela par certains partenaires au développement.
Plusieurs opportunités ont été saisies, des actions menées et des résultats obtenus, malgré les multiples difficultés qu’il a fallu surmonter progressivement.
1. Le projet d’introduction de l’informatique dans l’enseignement secondaire
C’est au mois de mars 1985 que le CENATRIN (Centre national de traitement de l’information) a pris l’initiative de soumettre au nom du Burkina Faso une requête au Bureau Inter-gouvernemental pour l’informatique (I.B.I) pour lui demander d’appuyer un projet d’introduction de l‘informatique dans les lycées du pays.
En novembre 1985 la Présidence du Faso instruisait le Ministre de l’Education Nationale pour qu’il lui soumette un dossier indiquant les voies et moyens devant permettre l’introduction de l’informatique dans les programmes d’enseignement, dès la rentrée scolaire 1986-1987.
Une commission présidée par un Inspecteur de mathématiques a travaillé et fourni un important rapport qui allait servir de guide au projet.
L’informatique sera introduite à titre expérimental dans douze (12) lycées dès la rentrée scolaire 1986-1987.
L’I.B.I. a contribué à la formation des professeurs à l’informatique et à ses aspects socio-pédagogiques par l’envoi d’experts notamment, et à l’équipement des établissements pilotes en livrant une soixantaine de micro-ordinateurs.
Les raisons majeures qui ont justifié l’initiation du projet peuvent se résumer de la manière suivante :
- l’informatique est devenue de nos jours un outil indispensable pour notre pays, dans l’optique de son développement culturel, technique et de son indépendance. Ainsi une préparation sérieuse de notre environnement, à travers les éducateurs et les futures élites de notre pays, s’avère nécessaire voire indispensable si nous voulons nous engager résolument dans la voie du progrès et du développement.
- le projet devrait permettre à notre système éducatif d’intégrer les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Les objectifs visés par le projet sont :
Douze établissements pilotes et un établissement de formation d’enseignants ont étés dotés de salles d’informatique et équipés d’ordinateurs à la rentrée scolaire 1986-1987. L’aménagement des salles a été pris en charge par le budget national pour plus de 50 millions de FCFA.
Tableau 1 :Les établissements pilotes
Province |
Ville |
Etablissement |
Kadiogo
|
Ouagadougou |
Lycée P. Zinda Kaboré |
Lycée Bogodogo |
||
LycéeMarien N’Gouabi |
||
Lycée Nelson Mandela |
||
Collège Protestant |
||
Lycée Technique |
||
Boulkiemdé
|
Koudougou |
Lycée Provincial |
Petit Séminaire |
||
Collège Joseph Moukassa |
||
Yatenga |
Ouahigouya |
Lycée Yamwaya |
Gourma |
Fada N’Gourma |
Lycée Diaba Lompo |
Houet |
Bobo Dioulasso |
Lycée Ouezzin Coulibaly |
Chaque établissement disposait au départ des équipements suivants :
Suite aux demandes formulées par certains chefs d’établissements, quatre autres établissements ont été dotés chacun d’un micro-ordinateur et d’une imprimante. Dans ces établissements, les équipements sont essentiellement utilisés pour la gestion administrative, financière et pédagogique.
Ces établissements sont :
Tableau 2 :
Province |
Ville |
Etablissement |
Kadiogo |
Ouagadougou |
Lycée Song Taaba |
Poni |
Gaoua |
LycéeBafudji |
Comoé |
Banfora |
Lycée Provincial |
Houet |
Bobo Dioulasso |
Lycée Municipal |
Ces établissements ne disposent pas de salles d’informatique appropriées et il faudra en construire.
D’autres établissements ont acquis dans le cadre des jumelages des équipements informatiques, comme le Lycée municipal Bambata à Ouagadougou, le Lycée Provincial du Passoré à Yako, etc.
Les enseignants ont été formés à raison de 3 ou 4 par établissement pilote en 4 sessions étalées sur l'année scolaire 1986-1987.
Grâce à l’effet de démultiplication de ces formations d’autres enseignants ont été initiés, ainsi que le personnel administratif des établissements pilotes.
Les ordinateurs sont ainsi utilisés pour la gestion administrative et financière de certains établissements, voire pédagogique des élèves à travers :
Elle a concerné les élèves des classes de seconde et de première de certains établissements pilotes. Une centaine d’élèves environ de ces établissements ont reçu annuellement une initiation relativement aux modules suivants :
Il faut noter qu’au lycée technique, l’informatique est enseignée dans les classes de Bureautique.
Elles se situent à plusieurs niveaux :
A ses débuts le projet n’a pas toujours bénéficié d’orientations de la part de personnes ressources averties des questions pédagogiques et suffisamment trempées dans les NTIC en éducation. Les responsables de la coordination du projet étaient souvent de jeunes informaticiens sans expérience dans les questions d’éducation et de formation.
A cela il faut ajouter le manque de moyens pour répondre aux questions techniques dans les établissements pilotes. : Absence de salles de formation, de maintenance ; insuffisance et vétusté des équipements informatiques, de consommables ; absence de logistique ; insuffisance de crédits alloués par le budget de l’état notamment ; absence de documentation appropriée, etc.
Les principales difficultés concernent :
La Banque Africaine de Développement a consenti courant l’an 2000 un appui pour plus de 600 millions de FCFA afin de :
Les établissements identifiés en collaboration avec les Directeurs régionaux de l’enseignement secondaire sont :
Tableau 3 :
Province |
Ville |
Etablissement |
Comoé |
Banfora |
Lycée Provincial |
Gourma |
Fada N’Gourma |
Lycée Provincial |
Sanmatenga |
Kaya |
Lycée Provincial |
Boulgou |
Tenkodogo |
Lycée Provincial |
Kouritenga |
Koupéla |
Lycée Provincial |
Ganzourgou |
Zorgho |
Lycée Provincial |
Oubritenga |
Ziniaré |
Lycée Provincial |
Mouhoun |
Dédougou |
Lycée Provincial |
Nahouri |
Pô |
Lycée Provincial |
Poni |
Gaoua |
Lycée Provincial |
Yatenga |
Ouahigouya |
Lycée yadéga |
Boulkiemdé |
Koudougou |
Lycée Municipal |
Houet |
Bobo Dioulasso |
Lycée Municipal |
Kadiogo |
Ouagadougou |
Lycée Mixte de Gounghin |
Prytanée militaire (PMK) |
Au Burkina Faso, la Délégation Générale à l’Informatique (DELGI) définit les orientations de la mise en place des infrastructures, appuie les mises en œuvre dans l’administration, gère la réflexion des acteurs des différents secteurs. Le programme de déploiement des NTIC identifie six premiers pôles régionaux : Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Koudougou, Ouahigouya, Kaya, Fada N’Gourma qui devraient bénéficier de nœuds garantissant un bon accès à Internet.
Toutes les actions intégrant les NTIC, en particulier dans l’enseignement secondaire sont suivies et accompagnées par la DELGI, notamment à travers les structures des Services organisation-méthodes-informatiques (SOMI) logées dans les Ministères.
La DELGI contribue à la formation des agents. Elle assure également la connexion gratuite à Internet des structures de l’administration publique.
2. Le projet World Links for Development (WorlD)
Le but du programme WorlD est d’établir des communautés éducatives en ligne pour les élèves et les enseignants du cycle secondaire, d’étendre les possibilités d’apprentissage à distance et de former les enseignants à l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans leur enseignement. Pour cela WorlD reliera des écoles secondaires dans des pays en voie de développement avec des partenaires à travers des pays du Nord. Le Burkina Faso figure parmi les quarante pays en voie de développement initialement ciblés avec un objectif d’une quarantaine d’écoles connectées.
Le programme est en phase de démarrage au Burkina Faso, avec l’organisation d’un séminaire de formation aux aspects pédagogiques de l’Internet, l’équipement et la connexion de six établissements d’enseignement secondaire.
Le coordonnateur national du programme pour Burkina Faso, prendra part à partir du 11 juin 2001 à Washington à la rencontre des coordonnateurs nationaux de WorlD. Cela devra donner un nouvel essor à l’avancement du programme World Links Burkina.
3. Le projet de réseau AFSEDNETAFSEDNET, un réseau multimedia pour le renforcement de l’apprentissage des mathématiques, des sciences et de la technologie, est une initiative de la Banque mondiale et de l’UNESCO qui concerne dans sa phase pilote actuelle six pays de l’Afrique sub-saharienne : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal, Kenya, Afrique du Sud, Zimbabwe.
Plusieurs actions ont été menées dont la tenue d’un atelier de conception du réseau au siège de l’UNESCO en mars 2001.
Les délégués des pays participants ont élaboré des programmes d’activités auxquelles ils s’attellent actuellement. Une autre rencontre est prévue avant le lancement effectif du réseau.
Au Burkina Faso on s’attelle à :
Nous attendons les prochaines rencontres pour affiner nos projets et nos stratégies.
Le projet " Introduction de l’informatique dans l’enseignement secondaire " initié à la rentrée 1986-1987, a équipé 12 établissements dont 11 lycées. Depuis 1994 au moins 15 lycées du pays sont équipés d’une salle d’ordinateurs. Initialement chaque salle comportaient quatre (4) ordinateurs en réseau amené à évoluer en nombre et en qualité.
Mais en général faute de suivi et de maintenance le matériel a souvent été détourné de son but initial, servant beaucoup plus à l’administration de l’établissement.
Les salles d’ordinateurs n’ont pas été utilisées comme il se devait pour de multiples raisons dont entre autres l’insuffisance en quantité et en qualité du personnel enseignant formé à cet effet, l’insuffisance des crédits de fonctionnement.
Il est bon que les différents projets qui ont des objectifs similaires voire identiques ne s’ignorent pas sur le terrain de manière que par effet de synergie les interventions soient plus efficaces.
Dans le cadre du projet cité plus haut une cinquantaine d’enseignants ont été formés à l’utilisation de micro-ordinateurs dont une quarantaine en maths et en sciences. C’est une quantité très négligeable par rapport au corps enseignant dans son ensemble.
Au niveau institutionnel, le centre de ressources du Réseau africain de formation à distance (RESAFAD) mis en place par la Coopération française, le Centre informatique de l’Université de Ouagadougou, les Centres multimédias de la Commune de Ouagadougou offrent des opportunités de formation aux Nouvelles technologies de l’information et de la communication, et de production de supports audio, video, de logiciels.
Il existe en outre d’importantes sociétés de services (publiques ou privées) en matière de NTIC et d’Internet.
L’élaboration des programmes pédagogiques relève de la compétence des Inspections d’enseignement secondaire à travers une structure officielle : la Commission nationale des programmes de l’enseignement secondaire (CNPES).
Si les Inspecteurs sont des spécialistes des contenus de leur discipline, il n’existe pas de spécialiste en NTIC au sein de la CNPES.
4.4. Les projets en cours dans l’enseignement secondaire au Burkina Faso
Des projets expérimentaux en cours dans le pays et qui visent à intégrer les NTIC dans l'enseignement ou le système éducatif existent. Des initiatives sont suscitées et sont au stade d’études :
Ainsi il est remarquable que très tôt le Burkina Faso a perçu l’importance des NTIC pour l’enseignement secondaire, mais faute d’appui conséquent cette volonté politique n’a jusqu’à présent pas pu se concrétiser efficacement par l’amélioration notable de ce niveau d’enseignement, notamment l’enseignement des mathématiques et des sciences au secondaire.
Le projet d’introduction de l’informatique dans l’enseignement secondaire est coordonné par une cellule, structure relevant de la direction des études et de la planification du Ministère des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique : c’est actuellement le service organisation méthodes et informatique (SOMI). Initialement " cellule de suivi du Projet ", cette structure tend à diversifier ses activités dont l’élaboration du schéma directeur informatique du Ministère.
Les résultats du projet n’ont pas fait l’objet d’une évaluation systématique.
Difficultés matérielles : seuls les établissements pilotes sont équipés d’une salle d’informatique, dont le matériel est devenu obsolète. La maintenance du matériel est quasi inexistante, l’approvisionnement en consommables insuffisant.
Difficultés pédagogiques : absence d’autorité pédagogique claire pendant la phase pilote. Surcharge horaire des professeurs formés (enseignant généralement les disciplines scientifiques), instabilité du groupe de formateurs, reconnaissance de la nouvelle compétence et valorisation, etc.
L’utilisation rationnelle des NTIC dans le système éducatif aux plans pédagogique et administratif, passe par des actions coordonnées qui impliquent fortement toutes les Inspections. Il est nécessaire :
Il est souhaitable que les projets visant cet ordre d’enseignement prennent en compte les expériences déjà vécues (acquis, insuffisances) afin d’optimiser les résultats attendus.
Aussi bien pour l’enseignement secondaire général que technique, des expériences ont déjà été menées en matière d’utilisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et des résultats ont été obtenus. Ces résultats qui étaient estimés très appréciables à l’époque où ils furent obtenus sembleraient insignifiants si on devait les évaluer avec les référents d’aujourd’hui au regard de l’état d’avancement de la technologie. Il n’en demeurera pas moins que le mérite d’avoir servi d’amorce et de motivation pour tous les acteurs du système éducatif reste un capital appréciable. A l’instar de programmes en cours au sein du Ministère (Word Links for Développement, appui par la BAD à l’introduction de l’informatique dans l’enseignement secondaire), il serait bon que ce travail soit poursuivi à travers toutes les opportunités qui se présenteront, notamment l’approche des divers réseaux initiés par des partenaires au développement.